Abidjan encore sous les eaux…

Cette semaine, de fortes pluies se sont abattues sur la ville d’Abidjan et plusieurs autres à l’intérieur du pays. Elles ont fait de nombreux dégâts matériels et causé des pertes en vies humaines dans la capitale ivoirienne.

Comme chaque année, c’est le même spectacle : Abidjan se retrouve sous les eaux pendant la saison des pluies. Des morts et des blessés, ainsi que d’importants dégâts matériels ont été encore enregistrés dans la capitale ivoirienne cette semaine, notamment à Cocody. Cette commune, qui passe pour la mieux construite, a été particulièrement touchée. Dans des quartiers comme la Riviera Palmeraie et Angré, de nombreuses maisons ont été inondées, poussant leurs habitants à se réfugier sur le toit. Dans les rues, l’eau a presqu’englouti des véhicules. Pour se déplacer, dans certains secteurs, la population utilise des barques payantes.

Cinq morts signalés à Abidjan jeudi

Le constat est le même à Koumassi, où le maire Cissé Bacongo a pourtant fait de grands travaux d’assainissement en cassant certains commerces et habitations. La pluie y a atteint des niveaux record dans plusieurs secteurs (Prodomo, Biétry, autour de la grande mosquée, etc.). A Abobo, la commune administrée par le ministre de la défense Hamed Bakayoko, les pluies atteignent régulièrement des niveaux inquiétants et provoquent des inondations, comme ce fut le cas à Abobo Baoulé, il y a trois jours. La pluie n’a pas épargné, non plus, les communes de Bingerville, Port Bouët ou encore Yopougon. Mais dans cette dernière, les dégâts ont été moindres cette semaine.  

Selon l’Office National de la Protection Civile (ONPC), les intempéries dans le District d’Abidjan ont fait cinq morts, un disparu et d’importants dégâts matériels, le jeudi 25 juin 2020. La semaine précédente, c’était pratiquement le même bilan avec notamment trois enfants emportés à Angré Château (Cocody). Dans la nuit du 17 au 18 juin 2020, la pluie avait déjà fait 16 morts dans la commune d’Anyama, à la suite d’un éboulement. Un drame qui a ému toute la Côte d’Ivoire.

« L’eau a du mal à rejoindre son lit naturel parce que les gens ne respectent pas les normes techniques »

La ministre de l’assainissement et de la salubrité Anne Ouloto a expliqué que ces inondations sont la conséquence de l’incivisme des populations, qui continuent d’habiter les zones à risques malgré les déguerpissements et les avertissements. « Des espaces non constructibles ont été lotis, vendus et des habitations ont été construites. L’eau a du mal à rejoindre son lit naturel parce que les gens ne respectent pas les normes techniques », a justifié sur la RTI celle qu’on a surnommée « Madame Bulldozer » pour ses campagnes de destruction de maisons. Si la population a effectivement sa part de responsabilité dans ce qui lui arrive (l’on pense par exemple aux ordures jetées dans les canalisations), il faut avoir l’honnêteté de reconnaitre que la politique d’urbanisme de la commune d’Abidjan n’est plus adaptée aux nouvelles réalités.

La capitale économique ivoirienne grandit. Elle s’étend et devient surtout dense, faute d’une réelle décentralisation et d’un transfert de la capitale à Yamoussoukro. Abidjan a donc besoin de grands travaux d’assainissement pour la construction d’un nouveau réseau de canalisations. Ces travaux devront revenir aux personnes compétentes, à la suite d’un appel d’offres réglementaire. On éviterait ainsi de tomber dans les mêmes erreurs avec des infrastructures qui ne tiennent pas quand survient la pluie.