RHDP : En attendant Gon…Godot !

Article : RHDP : En attendant Gon…Godot !
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20 juin 2020

RHDP : En attendant Gon…Godot !

Amadou Gon Coulibaly s’est rendu à Paris (France) le 2 mai pour, nous dit-on, un simple contrôle médical, à la suite d’un malaise cardiaque. Il y a subi une intervention du cœur à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière et devait regagner son pays le 2 juin. Mais, il a été une nouvelle fois hospitalisé le 30 juin.


Alors que le couple Ouattara avait déjà affrété le Grumman 5 de la flotte présidentielle pour aller le chercher le 2 juin, Amadou Gon Coulibaly doit continuer son séjour médical parisien pour une période indeterminée. Le premier ministre a dû être à nouveau hospitalisé à la Pitié-Salpêtrière le 30 mai après une rechute. 

Bien que sa situation soit inquiétante, au RHDP on continue de souffler l’optimisme sur l’état de santé du potentiel successeur d’Alassane Ouattara à la tête de la Côte d’Ivoire. « Rassurez vous, il se repose, il est convalescent et il sera très bientôt, parmi nous », a prétendu le porte-parole du gouvernement Sidi Tiémoko Touré, à la fin du conseil des ministres du mercredi 10 juin. Après plusieurs annonces de ce genre, il semble difficile de ne pas comparer Gon Coulibaly au fameux Godot de Samuel Beckett.

Si le chef du gouvernement venait à regagner la Côte d’Ivoire, ce sera en homme diminué et affaibli. Son avenir électoral serait, sinon fini, du moins clairement en pointillé. Dans un tel contexte, son mentor Alassane Ouattara se pose désormais des questions sur sa capacité à conduire les troupes du RHDP à la victoire finale en octobre prochain. A Abidjan, un plan B se met en place avec plusieurs inconnus. Dominique Ouattara aurait parié sur son poulain, Hamed Bakayoko, ministre de la Défense. Mais le chef de l’Etat, qui n’a pas une bonne opinion du maire d’Abobo, n’est pas de cet avis. Pour lui, ce sera Gon Coulibaly ou rien…ou plutôt lui.

Ouattara candidat, si Bédié et Gbagbo le sont ?

Ouattara candidat en octobre 2020 ? Ce serait un grand rétropédalage, puisque l’homme a déjà promis au monde entier qu’il s’en irait après son deuxième mandat. Pour réaliser ce virage à 360°, il lui faudrait une couche de « légitimité » : faire accepter à l’Elysée l’idée selon laquelle il n’y a que lui qui pourrait contrecarrer l’alliance de poids entre le PDCI et le FPI. Il suffirait alors de convaincre ses « alliés occidentaux » que cette coalition met en péril les « acquis » en Côte d’Ivoire.

Aussi, si d’aventure Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo (ou l’un des deux) venaient à se présenter, le prétexte serait tout trouvé. En effet, Alassane Ouattara a affirmé en mars dernier que « S’ils décident d’être [candidats], compte-tenu de leur bilan, de leur incapacité à gérer la Côte d’Ivoire », lui trouverait « une autre solution, y compris celle de continuer ». Or, le PDCI vient de miser sur le vieux cheval Bédié…

Si, malgré tout, Ouattara devait respecter ses engagements jusqu’au bout, le seul candidat valable qui reste au RHDP serait bel et bien Hamed Bakayoko (Hambak). Contrairement à Gon Coulibaly qui profite de l’influence du président Ouattara, le ministre de la Défense a une popularité certaine au sein de la majorité présidentielle. De plus, il passe pour un homme de poigne, à l’inverse d’un indolent et fragile Amadou Gon Coulibaly. Malheureusement, ce caractère lui vaut la méfiance de Ouattara, qui le trouve trop zélé et imprévisible. Et la fameuse affaire du trafic de drogue ne va pas plaider en sa faveur auprès du chef de l’Etat ivoirien.

Hambak se taille un costume présidentiel au cas où

En attendant un potentiel retour d’Amadou Gon Coulibaly, le ministre de la Défense essaie en tout cas de polir son image. Il annonce, entre autres actions, une plainte contre Vice Media, qu’il accuse de diffamation. Sur internet, les militants du RHDP lui apportent leur soutien et parlent d’une manoeuvre pour salir la Côte d’Ivoire. Hambak tente également de se faire passer pour un « commandant » et il l’a prouvé bon gré mal gré à l’occasion de l’attentat terroriste de Kafolo (nord) en s’offrant au média alors que le président Ouattara s’est muré dans un silence révoltant.

Hamed Bakayoko se veut en outre le dirigeant RHDP le plus proche du peuple. Ainsi, après l’éboulement meurtrier d’Anyama, on l’a vu se rendre sur les lieux du drame pour apporter sa compassion aux familles éplorées. Pour le moment, donc, Hamed Bakayoko s’applique à se tailler un costume présidentiel pour être prêt à le porter si Gon ne se remettait pas d’aplomb.

Outre Hamed Bakayoko, notons qu’il y a un homme qui semble avancer ses pions, en silence : Patrick Achi. L’on s’étonne de voir ces derniers jours des publications le presentant comme une bonne option. L’actuel secrétaire général de la présidence (issu des rangs du PDCI) pourrait-il être le choix à défaut d’Alassane Ouattara? Pas sûr, dans un parti très orienté vers le nord…

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