Football : l’Asec trinque, le calice jusqu’à la lie pour l’Africa

Article : Football : l’Asec trinque, le calice jusqu’à la lie pour l’Africa
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28 juin 2021

Football : l’Asec trinque, le calice jusqu’à la lie pour l’Africa

L’Asec d’Abidjan a remporté samedi son 27e titre de champion de Côte d’Ivoire de football grâce au match nul face au FC San Pedro. C’est le troisième titre en dix ans après 2016-2017 et 2017-2018. Une décennie marquée par la suprématie des clubs de l’intérieur du pays, ainsi que la dégringolade parallèle de ceux de la capitale. Parmi ces derniers figurent l’Africa Sports, l’ennemi juré de l’Asec. Les Vert et rouge ont été relégués en deuxième division cette saison. Le sacre des Jaune et noir devraient accentuer leur amertume.

A l’issue de cette saison 2020-2021, l’Africa Sports national a été rétrogradé en deuxième division, une première en 74 ans d’existence. Cette relégation est l’aboutissement d’une longue crise. Alexis Vagba et Antoine Bahi se disputent la présidence depuis des années. En avril dernier, la Fédération ivoirienne de football (FIF) a décidé de la mise sous normalisation du club, en attendant le règlement du conflit. Un mois plus tard, le célèbre animateur Yves Zogbo Junior a pris la présidence du Comité de normalisation.

En plus de ces querelles de dirigeants, l’Africa Sports se trouve dans une situation financière très alarmante. Les joueurs ne travaillent pas dans de bonnes conditions. Certains ont crié leur ras le bol lors de la 7e journée (dans le même mois d’avril). Avec des banderoles, ils ont demandé qu’on leur paie enfin leur argent. D’autres ont même menacé de boycotter les matchs de l’équipe.

Un sacre sous la pluie

Et comme si cela ne suffisait pas, l’Asec vient de remporter son 27e titre de champion de Côte d’Ivoire. Le rival historique a fait match nul contre le FC San Pedro, samedi 26 juin 2021. Un résultat qui lui a permis de décrocher ce nouveau trophée puisque l’adversaire du jour les secondait au classement. Deuxième avec 7 points, après la 5e journée, les Pétruviens avaient pourtant l’occasion de coiffer au poteau l’Asec d’Abidjan (9 points). Mais, ils ont buté sur des Jaune et noir très déterminés, sur une pelouse complètement détrempée. Le soutien de l’Africa Sports ne les aura pas portés.

Des situations diamétralement opposées

En effet, les Aiglons avaient tweeté « Bonne chance au FC San Pedro », quelques heures avant la rencontre. Une publication raillée par le grand rival après son sacre. Dans un humour typiquement ivoirien son community manager a écrit sur Facebook : « On lui dit maintenant ou on attend un peu ? ». Il a même corsé la réponse en rappelant que Rogner Ouégnin a plus de titre que l’Africa Sports national (18). En effet, si l’Asec remporte son 27e titre, c’est le 20e sous l’ère Rogner Ouégnin. Le PCA du club abidjanais a pris ses fonctions en 1989. A l’époque, l’Africa Sports dominait le championnat de Côte d’Ivoire avec 12 sacres. Depuis, les Oyés n’ont eu de cesse de dégringoler.

Au contraire, l’Asec s’est bâti une réputation d’équipe professionnelle solide. Me Rogner Ouégnin en a fait un club financièrement et sportivement puissant. En trente ans, les Mimos ont presque glané tous les trophées nationaux. Plus intéressant, ils ne connaissent ni problèmes de salaire ni situations indignes (manque de cars et d’équipements, etc). En outre, la formation la plus titrée de Côte d’Ivoire dispose d’installations aux normes internationales et d’une académie réputée : Sol Béni. Résultats : il fut une époque où l’équipe nationale se composait essentiellement d’anciens joueurs de l’Asec, plus Didier Drogba…

La remontée jamais facile

On peut espérer que les moqueries des Mimos sur Facebook piquent au vif les Aiglons. A défaut de répondre sur le terrain la saison prochaine, ils devraient se remettre en cause et bâtir une équipe digne de son palmarès national et africain. Si ce n’est pas fait, les Oyés peuvent craindre de s’éterniser dans la seconde division, voire rétrograder dans la troisième. Le Satellite FC, le Stade d’Abidjan et le Stella Club d’Adjamé en savent quelque chose sur cette difficulté à sortir du purgatoire, surtout quand on est un club mal en point.

La décadence du football ivoirien

Certes un monument du football national manquera à la première division, la saison prochaine, mais on ne pourra pas regretter le derby ivoirien. Celui-ci n’existe pratiquement plus depuis près de vingt ans. Soit, depuis le duel entre les frères Keita (Fadel et Kader) et la première génération des Académiciens (Baki, Kolo, Maestro, Zézéto, etc.). On se souvient de ces années d’avant 2000, où le choc entre l’Asec et l’Africa mettait tout le pays en ébullition. Le Stade Félix Houphouët Boigny refusait même du monde. Aujourd’hui, ce derby remplit à peine la petite enceinte de Robert Champroux de Marcory.

Au-delà de la mort de ce derby, voyons plutôt la descente aux enfers du football national, qui n’attire plus et qui ne gagne plus. La Côte d’Ivoire n’a plus remporté de trophée continental depuis…1998. Une éternité ! La Ligue 1 ivoirienne n’arrive même plus à placer des clubs dans les compétitions africaines. Le tableau est donc très sombre. D’où les espoirs placés en Didier Drogba, candidat à la présidence de la FIF.

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