Football : quand va-t-on cesser de courir après les binationaux ? (1/2)

Article : Football : quand va-t-on cesser de courir après les binationaux ? (1/2)
Crédit: Iwaria
24 mai 2024

Football : quand va-t-on cesser de courir après les binationaux ? (1/2)

Une vieille histoire. Les sélections africaines de football ont toujours fait la cour aux binationaux, au point parfois de se ridiculiser. Mais cela a-t-il un intérêt ? Il y a même des Africains qui accusent les nations européennes de leur voler des talents, de piller leur continent… Vraiment ?

Cela fait plusieurs décennies que les sélections africaines de football courent après les binationaux pour les enrôler dans leurs effectifs. Parfois elles réussissent à leur mettre le grappin dessus, comme Habib Beye au Sénégal, Emerse Faé en Côte d’Ivoire, Aubameyang au Gabon et Eric Choupo Moting au Cameroun. Et parfois, elles échouent lamentablement, comme avec Djibril Cissé pour la Côte d’Ivoire, Leroy Sané pour le Sénégal, Kylian Mbappé pour le Cameroun ou encore Nico Williams pour le Ghana.

Un choix par défaut

À quelques exceptions près — sans manquer de respecter à ceux qui rejoignent leur pays d’origine — les équipes africaines ne parviennent à attirer que les « seconds couteaux » ou les joueurs qui n’ont plus aucune chance d’être appelés en sélection européenne. Il s’agit alors, pour ces joueurs, d’un choix par défaut.

Mais on ne peut pas leur en vouloir d’opter en premier pour les pays occidentaux, même si leur attitude irrite supporters et sélectionneurs. À l’image de Kaba Diawara de la Guinée, fatigué de courir après Mohamed Simakan.

La première est qu’ils sont nés en Europe. Aujourd’hui, la couleur de peau et l’origine des parents ne déterminent pas la nationalité. Celle-ci relève davantage d’un choix personnel. Ceux qu’on appelle « binationaux » ont vu le jour et ont grandi dans un pays européen auquel ils sont plus attachés et liés qu’à une lointaine terre africaine qu’ils n’ont d’ailleurs jamais connue.

Non, l’Europe ne pille pas l’Afrique

Il faut aussi préciser que la France et les autres États européens n’ont pas volé les talents africains, comme les esclavagistes ont pillé les bras valides du continent dans les siècles passés. Rappelons-le encore, ces binationaux sont nés en Europe ou y ont immigré avec leurs parents quand ils étaient enfants. Malgré leur attachement à l’Occident, certains préfèrent jouer pour leur pays natal ou le pays d’origine d’un de leurs parents, par amour.

Mais, souvent, cet amour ne suffit pas. Et c’est là la seconde raison de leur refus. En Afrique, les conditions de travail et l’environnement laissent à désirer. Amateurisme, incompétence, copinage, corruption des dirigeants, mauvais état des infrastructures, etc. Ainsi, on voit régulièrement des équipes se plaindre de la qualité des pelouses (des champs de patates), d’un manque de billets d’avions ou de visas, de primes impayées, etc.

Pelouse abimée du stade Alassane-Ouattara à Adibjan (Côte d’Ivoire) lors d’un match en 2021. Crédit : capture d’écran de Sport TV

Le ras-le-bol du statu quo

C’est bien beau de se sacrifier pour le pays d’origine des parents, mais il est aussi plus intéressant d’évoluer dans de meilleures conditions, comme c’est le cas en Europe, où les sélections sont plus attractives. L’attitude des binationaux (qui refusent de jouer pour une sélection africaine) est d’autant compréhensible que rien ne change depuis des lustres. Toujours les mêmes problèmes et les mêmes carences dans le football africain, surtout subsaharien.

Lire la seconde partie : Football : quand va-t-on cesser de courir après les binationaux ? (2/2)

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