Kandia Camara au Sénat : Doit-on en rire ou en pleurer ?

Face aux sénateurs, à la Fondation Félix Houphouët-Boigny de Yamoussoukro, le 12 juin 2020, Kandia Camara s’est voulue très rassurante sur la situation de l’école en Côte d’Ivoire, alors que le coronavirus ne cesse de progresser dans le pays. Notre ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle a déclaré sans sourciller que « le risque de contamination à l’école est quasiment de zéro ». Vraiment ?

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Sur quelles études Kandia Camara fait-elle reposer ses affirmations ? Depuis la réouverture des classes, la pandémie de coronavirus est en nette progression en Côte d’Ivoire. Selon le dernier bilan du ministère de la Santé et de l’hygiène publique, la Côte d’Ivoire a enregistré 236 nouveaux cas de Covid-19, portant à 5 084 le nombre de cas confirmés, dont 45 décès.

À moins que Madame la ministre ait ses propres chiffres (contradictoires), la hausse des contaminations est plutôt réelle. Et l’école ivoirienne ne saurait être cet îlot dont elle nous parle. L’on ne se souvient pas en tout cas qu’il y ait eu des tests dans tous les établissements scolaires ou aux domiciles des élèves, qui montrent effectivement que le risque de contamination tombe à zéro.

Kandia Camara a également dit que 80 millions de masques ont été mis à la disposition du système éducatif public et privé. « À ce jour, 85% de ces équipements ont déjà été distribués. Si bien que quand vous arrivez dans une école, il n’y a aucun risque », précise-t-elle.

Pourtant, les images provenant de plusieurs établissements publics tant à Abidjan qu’à l’intérieur du pays, font apparaître un manque de masques contre le coronavirus. Certains élèves sont même obligés de porter des masques confectionnés avec du papier pour faire les cours. Bof, gageons qu’il s’agit là des élèves fréquentant les 15% restants d’écoles…

Quoiqu’il en soit, les sénateurs ivoiriens auraient dû poser de judicieuses questions à Madame la ministre sur les défaillances observées dans la distribution du matériel dans certaines DREN. Mais les membres de la chambre haute du parlement avaient-ils seulement envie de faire la lumière sur la gestion de Kandia Camara ? Apparemment non ! Comme des élèves qui gobent tout ce que le professeur dit, nos sénateurs ont écouté religieusement.

Allez, retenons au moins quelque chose de positif. Pour une fois, depuis qu’elle occupe son poste, Kandia Camara a bien voulu se plier à un exercice démocratique. En 2017, quand le groupe parlementaire Vox Populi a souhaité avoir du ministère de l’éducation nationale des explications sur les frais annexes de scolarité qui ont perturbé la rentrée, Madame la ministre n’a jamais daigné répondre à la demande. Alors cette fois nous sommes bien tentés de l’applaudir, chaleureusement, tant elle a fait un grand effort… Une véritable symphonie devant un orchestre très monocolore…