Affaire Didi B : derrière l’attaque d’Observateur Ebène, une certaine idée révolue du couple africain

Un blogueur ivoirien du nom d’Observateur Ebène a publié, le mois dernier, une vidéo dans laquelle il s’attaque au couple Bassa (Didi B et Saraï d’hologne) à propos de la maternité. Le rappeur ivoirien n’a pas apprécié cette sortie, tout comme sa femme. Mais; au-delà de l’humour déplacé de l’influenceur, une vraie question sociale se pose.

Observateur Ebène, un comédien et blogueur ivoirien à scandale, a publié mi-octobre une vidéo visant le couple Bassa. Dans cette séquence, l’humoriste taquin se demande pourquoi Saraï d’Holorgne, l’épouse du rappeur Didi B, n’a toujours pas donné naissance à des enfants après plusieurs années de vie commune. Il a également directement interpellé l’artiste sur cette situation, en des termes moqueurs.

Une question de mentalité à travers Observateur Ebene

Les déclarations d’Observateur Ebène n’ont évidemment pas plu à Didi B, qui a juré de lui faire regretter ces paroles, dans un post sur X (ex Twitter). Son épouse, elle, n’a pas porté de menaces. Sur une story de son compte Instagram, Saraï d’Holorgne s’est contentée d’exprimer sa profonde déception et surtout son dégoût face aux commentaires du bloggeur connu pour ses « attachements », c’est-à-dire ses joyeuses railleries dans le jargon ivoirien. Les avocats du couple Bassa ont annoncé porter plainte, même si le fautif s’est confondu en excuses et a rétiré les contenus polémiques.

L’attaque d’Observateur Ebène a été défendue par certains internautes, la plupart appartenant au « Syndicat », un mouvement de fans à caractère masculiniste créé par le rappeur rival Suspect 95. Ces détracteurs ont épinglé d’anciennes déclarations de Saraï d’Holorgne et de Didi B sur les réseaux sociaux. Notamment sur le couple Shakira-Piqué au début des années 2010. Mais, au-delà de ce clash malsain, il faut bien voir un problème social. Une certaine image du couple africain, fortement ancrée dans les mentalités.

Un vrai couple africain doit faire un enfant…

En effet, en Afrique, et dans d’autres régions du monde, un couple se définit d’abord par sa capacité à procréer. Cette conception du mariage liée à l’enfantement stigamtise d’emblée les couples homosexuels. On les considère comme des unions « stériles », en plus d’être « contre-nature ». Les hétéros font aussi les frais de cette croyance. Quand la communauté n’entend aucun cri d’enfant dans un foyer, un certain temps après le mariage, les médisances commencent.

Les plus « gentils » vous interpellent pour vous demander pourquoi vous n’avez pas encore enfanté. Parents, amis, connaissances, inconnus veulent des explications. Ils veulent que vous fassiez des enfants pour montrer que vous êtes un couple « normal ». Cette pression sociale pèse énormement sur la femme, perçue comme le réceptacle qui doit rendre. On ne se demande pas toujours si la semence est bonne…

Sait-on qu’il existe le planning familial ?

Mais là n’est pas la question dans ce billet. Ici, interrogeons-nous plutôt sur la place de l’enfant dans le couple africain. Doit-on considérer comme couples, seulement les unions qui procréent ? Si oui, sait-on au moins les difficultés que rencontrent certaines personnes à avoir des progénitures ? Ne dit-on pas que l’enfantement est une « grâce de Dieu » ? D’ailleurs oublie-t-on que certains couples font du planning familial et choisissent librement de faire des enfants ou non ?

Chacun a le droit de faire ce qu’il veut de sa vie : de se marier ou non (à une femme ou à un homme), d’enfanter ou non. Et puis, il faut qu’on se le dise : concevoir un enfant n’est pas le gage d’un foyer stable ou du bonheur d’un couple ! Dieu seul sait combien de familles se sont déchirées après avoir conçu une équipe de football. Aussi, voit-on partout des unions qui « pondent » (excusez pour l’expression crue) des enfants sans pouvoir s’en occuper.

Evitez de faire des enfants qui deviennent une charge pour la société

Combien d’enfants traînent dans la rue à cause de la démission de leurs parents ? Combien sont-ils à mourir de faim au quotidien ? Et combien sont-ils qui ne vont pas à l’école faute de moyens ? Vous l’aurez compris, l’essentiel pour un couple n’est pas de faire des enfants pour plaire à la communauté. Car ce n’est pas cette communauté qui nous aidera à nous en occuper. Il faut prendre le temps de bien planifier les naissances (si capacité à concevoir) afin de tracer un bel avenir aux enfants.

Il est révolu le temps où la richesse d’un foyer se mesurait au nombre d’enfants. Nous vivons dans une société avec des réalités nouvelles, qui nous poussent à réfléchir au-dessous de sa ceinture. Un enfant, c’est aujourd’hui tout un projet de vie. Il faut préparer sa venue et prévoir son avenir afin qu’il soit heureux, et qu’il ne devienne pas une charge ou un problème pour la société.