Côte d’Ivoire vs Cameroun, Mali, Burkina…ce nouveau clash aussi ridicule que pathétique

Article : Côte d’Ivoire vs Cameroun, Mali, Burkina…ce nouveau clash aussi ridicule que pathétique
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23 octobre 2023

Côte d’Ivoire vs Cameroun, Mali, Burkina…ce nouveau clash aussi ridicule que pathétique

Sur les réseaux sociaux, on assiste depuis quelque temps à une guéguerre autour du développement, dans la sphère francophone d’Afrique. Des internautes ivoiriens, camerounais, maliens ou encore burkinabés se lancent des piques à longueur de journée, sur fond de promotion des réalisations de leur pays. A quoi rime tout ce cirque ?

Tout le monde l’a sans doute remarqué ces derniers mois. Sur Internet, un clash oppose certains pays d’Afrique francophone. Ou plutôt la Côte d’Ivoire à certains Etats, en particulier le Cameroun, le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Des pages ont été spécialement créées sur Facebook pour s’attaquer. Les cyber-activistes ivoiriens et camerounais sont les plus actifs. Ils chantent au quotidien le pseudo développement de leur pays, à grand renfort d’images « photoshopées » et de vidéos « sur-étalonnées », tout en se moquant de la pauvreté des autres par des contenus bien choisis.

La palme d’or à celui qui exposera le mieux la misère de l’autre

En Côte d’Ivoire, les influenceurs du pouvoir célèbrent en fanfare la construction de chaque infrastructure et font la promotion des plus beaux lieux. Si cette propagande est un peu ridicule, elle pourrait passer sans les attaques visant le camp adverse. En effet, les propagandistes profitent de la valorisation de leur nation pour narguer les « rivaux » et rire de leur sous-développement. Ce fut récemment le cas à l’occasion de l’inauguration du pont à Hauban d’Abidjan. Il y a eu une publicité excessive accompagnée d’un dénigrement systématique des autres pays.

Les cyber-activistes des Etats visés répondent généralement du tic au tac. A défaut d’afficher de belles réalisations de chez eux, ils montrent l’autre facette moins reluisante de la Côte d’Ivoire, celle des villes de l’intérieur et des quartiers d’Abidjan.

Un clash malsain et inutile

On pourrait de prime abord penser qu’il s’agit d’une compétition entre pays d’Afrique francophone, à qui se développerait le plus vite. Un joyeux « attachement » dans le bon sens… On se clasherait pour se pousser à faire mieux que l’autre. Comme les meilleurs élèves d’une classe qui se lancent des défis à qui sera le premier à l’issue du trimestre. Sauf que cette course à « l’émergence » est malsaine car destinée à ridiculiser les autres et à se moquer de leurs souffrances. Cette attitude bien pitoyable a des causes essentiellement politiques. Les Ivoiriens, notamment, reprochent aux autres de s’en prendre à leur président, qui serait un sous-préfet de la France. Ils pointent aussi « la haine » à peine voilée, pour leur pays, d’activistes comme Nathalie Yamb et Franklin Nyamsi ou de chaînes de télévision comme Afrique Media.

Une guéguerre de pays sous-développés

Se réjouir de la misère de certains frères africains, voire souhaiter qu’ils n’évoluent pas, a quelque chose de méchant. Ce comportement relève même de la sorcellerie. Le plus navrant dans cette histoire, c’est que les protagonistes sont tous des pays pauvres ou sous-développés. Oui pauvres et sous-développés. Le qualificatif « en voie de développement » employées par les institutions financières mondiales n’étant qu’un euphémisme. En effet, on ne peut pas se dire émergent quand tout un pays se limite à la capitale ; quand la misère plane partout, quand le chômage jette la jeunesse sur les routes de l’immigration clandestine….

L’union africaine, pas pour demain

La petite rivalité sur internet fait penser à la querelle de deux habitants d’un même bidonville. Quand l’un se permet de se moquer de son voisin parce qu’il a acheté une nouvelle télévision ou a repeint sa baraque. Cet individu est tout simplement pathétique. Il ne se rend pas compte qu’il se moque en quelque sorte de sa propre existence. C’est à ce petit jeu que se livrent les pays d’Afrique francophone. Leur clash nous rappelle amèrement que l’union africaine n’est pas pour demain. C’est-à-dire une réelle solidarité et une entraide effective entre fils et filles du continent. Nous devrons tous regarder dans la même direction, pas à l’opposé chacun de l’autre.

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