Jacqueville : vive le taxi moto !

Article : Jacqueville : vive le taxi moto !
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22 novembre 2020

Jacqueville : vive le taxi moto !

Située à 60 kilomètres à l’ouest d’Abidjan, Jacqueville est une station balnéaire très prisée des Ivoiriens depuis quelques années. Elle se distingue des autres villes de Côte d’Ivoire par son moyen de transport atypique : le taxi moto ou tricycle.

Nichée entre mer, fleuve et lagune, Jacqueville est devenue une destination prisée pour le tourisme et la villégiature. Tout particulièrement à partir de mars 2015, avec la construction du pont Philippe-Grégoire-Yacé. Cette infrastructure a désenclavé la ville jusque-là uniquement accessible par une barque. La petite commune a également profité de l’attentat terroriste de Grand-Bassam, station balnéaire préférée des Abidjanais et des expatriés avant le drame. A ces facteurs, il faut ajouter le fait qu’elle est accessible à la classe moyenne contrairement à Assinie, le Saint-Tropez ivoirien.

Un syndicat pour réguler le secteur

Avec l’essor du tourisme local, Jacqueville a connu une modernisation sous l’impulsion du maire Jaochim Beugré, notamment au niveau de la voirie. Elle a surtout enregistré l’ouverture de nombreux commerces, restaurants, maquis, bars et hôtels pour satisfaire la clientèle, venue principalement d’Abidjan. Côté transport, ce sont les taxis motos qui font la loi dans cette cité depuis des années. Point de taxis bleus donc, ni de compteurs, mais uniquement ces engins à trois roues et de couleur jaune et noir. Seuls quelques cars et gbakas ont le droit de circuler, mais pour le transport interurbain, depuis une petite gare.

Ces taxis motos (de marque Royale et Apsonic) appartiennent à un groupe de personnes ou à un syndicat. Ce sont ces derniers qui donnent l’autorisation de rouler, moyennant une certaine somme. « Quand tu veux rouler en taxi moto, tu vas les voir et tu paies 35.000 francs. Après tu dois payer encore 25.000 francs à la mairie, qui délivre un permis. C’est comme ça ici », confie Ruffinho, un ancien conducteur de tricycle devenu vendeur de carburant au Carrefour Hôpital. On a donc affaire à une activité légale, ce qui n’est pas le cas de moto taxi de nombreuses villes de Côte d’Ivoire.

Jusqu’à 10.000 Francs de recettes journalières

Certains taxis motos de Jacqueville roulent au carburant, d’autres, électriques, fonctionnent avec une batterie rechargeable. Malgré la différence au niveau de l’alimentation, les prix restent les mêmes : 100 francs pour les courtes distances et jusqu’à 400 francs pour les longues comme du Carrefour Hôpital à Niamkey Bord. Au-delà de Jacqueville, pour une course dans les villages environnants, les prix peuvent atteindre 2.500 francs.

Selon Jean Marc, un élève et conducteur occasionnel, « un taxi moto avec carburant peut générer 6.000 francs par jour et un autre avec batterie peut gagner 10.000 francs ». La différence de recettes s’explique par l’achat de carburant par le premier type d’engin. A noter, le syndicat prélève quotidiennement 100 francs à chaque conducteur. Les taxis motos disposent de quatre places réglementaires, mais il arrive que le conducteur prenne jusqu’à six personnes, avec l’accord des clients.

Un avantage à l’heure de l’écotourisme

Les taxis motos semblent particulièrement adaptés à Jacqueville, qui a vocation à devenir une véritable ville touristique. Légers et ouverts au paysage, ces engins disposent de sièges qui se font face et qui permettent ainsi de tisser plus confortablement et facilement des liens. En outre, ils sont globalement plus écologiques que les taxis et gbaka des agglomérations comme Abidjan, même si quelques-uns fonctionnent au carburant. A l’heure de l’écotourisme, ces tricycles représentent un avantage certain pour Jacqueville, qui est d’ailleurs en pleine transformation, pour répondre à l’afflux d’étrangers. La mairie prévoit notamment la construction de bungalows, de quoi faire de Jacqueville un morceau de Thaïlande.

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